Alain Caporossi, au travers du dernier livre de An Huo, souhaite évoquer plus largement les origines de Hong-Kong.
Annie Huault auteure, sous son nom sinisé An Huo a déjà publié : « Lettres à Matteo Ricci » (éd. Bayard 2010) et « Le peintre de Qianlong » (éd BoD 2016) relative à un frère jésuite J.D. Attiret né à Dôle (évoqué dans ce documentaire de France 3 Bourgogne-Franche-Comté
Anne Huo vient de publier Blanche aux éditions BoD . Vous pouvez lire une présentation de cet ouvrage sur le site du souvenir français.
Blanche Marbotte et son mari Georges-Auguste ont été les témoins de la construction du « Petit train du Yunnan ». L’organisation de l’ouvrage en brèves séquences numérotées guide la compréhension de l’évolution des événements et permet de maintenir une forme de suspense : que se passera-t-il ensuite ?
La petite partie de l’ouvrage citée ci-dessous (pages 77 – 78) entre en résonance avec l’actualité puisque An Huo y évoque l’origine de Hong Kong :
« Hong Kong a un nom légendaire. Xiang Qang en chinois veut dire « havre embaumé » ou bien « port aux parfums », du temps où cet îlot rocheux dans la baie de Canton n’abritait que huttes de pêcheurs, jonques de pirates et nids d’oiseaux sauvages et où les arômes de la jungle fleurie se mêlaient aux brises des mers et à l’écume des vagues.
Hong Kong a une histoire mouvementée. Cette histoire à l’odeur opiacée voit passer des générations d’aventuriers anglais qui font transiter des cargaisons entières de cette poudre que Maurice Collis 1 appellera dans son ouvrage la boue étrangère. Oui, si l’île de Hong Kong est cédée à perpétuité aux Britanniques en 1842, c’est bien à l’opium qu’elle le doit, contre son gré.
1 La guerre de l’opium (Foreign Mud – Being an Account of the Opium Imbroglio at Canton in the 1830s and the Anglo-Chinese War that Followed, 1946) – Maurice Collis
Les Anglais sont friands de thé, de soie et de produits chinois. Selon la volonté de l’Empereur, ils doivent payer ces denrées en métal précieux, ce qui fait tanguer dangereusement leur balance des paiements. Avec l’opium cultivé en Inde, la Compagnie des Indes orientales voit là une monnaie d’échange idéale. Encore faut-il pouvoir l’introduire dans un empire fermé à tout commerce extérieur, le port de Canton étant la seule enclave ouverte aux étrangers. Faisant fi de leurs bons principes, les Anglais laissent fleurir le commerce de l’opium dans la clandestinité. L’opium de contrebande fait bientôt ravage dans la population chinoise. Et ironie du destin, c’est du côté chinois que va leur être offerte la possibilité de développer leurs affaires en toute impunité. Chargé par l’Empereur d’éradiquer le commerce de l’opium, le commissaire impérial Lin, dans une action publique et spectaculaire, fait brûler 20 000 caisses de drogue appartenant aux marchands de Canton. Furieux, les Britanniques envoient un corps expéditionnaire de 4000 hommes de la marine royale pour obtenir réparation et des accords commerciaux favorables. C’est le début de la première guerre de l’opium. En 1840, l’armée britannique attaque Canton et force les Chinois à céder cinq ports aux Britanniques. Le traité de Nankin en 1842 abolit le monopole du commerce, ouvre les ports du traité aux résidents britanniques, dispense ces derniers de respecter les lois chinoises et cède l’île de Hong Kong à la Grande-Bretagne à laquelle s’ajoutera en 1859 la presqu’île de Kowloon. Le roc stérile devient en quelques décennies une cité éblouissante où l’intervention de l’homme, loin de dénaturer le site, lui confère une nouvelle majesté. Dans cette cité singulière et unique se côtoient Chinois de Canton, Pékin ou Shanghai, Malais, Indiens et Anglais, civils et militaires. »
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